Le 9 septembre 1996, le premier jeu Crash Bandicoot sort aux Etats-Unis. En novembre de la même année, le jeu parait en Europe. Quelques semaines plus tard, le monde découvre Tomb Raider, et son héroïne charismatique Lara Croft. C’était il y a 20 ans. Ça file un coup de vieux, hein ? C’est drôle, parfois, les hasards du calendrier. Je suis né en 1996. J’ai joué à de nombreux jeux vidéo dans ma vie. Mais il n’y a que deux séries auxquelles j’ai commencé à jouer étant petit, sans jamais arrêter d’y jouer par la suite – et il se trouve que l’une et l’autre sont sorties durant l’année de ma naissance.
Bien qu’il ait très vite rencontré le succès, à sa sortie en 1996, Crash Bandicoot n’a rien de révolutionnaire. Il a le mérite de figurer parmi les premiers jeux de plateforme en 3D – même si la plupart de ses mécaniques de jeu restent ancrées dans une conception héritée des jeux 2D – mais il n’apporte pas grand chose d’inédit au genre. En fait, ça n’a jamais été le but de Crash Bandicoot. Ce qui, selon moi, a fait le succès du jeu et de ses suites, ce sont ses graphismes de qualité d’une part, et son univers original d’autre part. Les premiers jeux de la série ont été développés par Naughty Dog, mais l’ensemble des personnages, ainsi que les décors du premier épisode, ont été entièrement imaginés par Joe Pearson et Charles Zembillas, deux designers de la société American Exitus, recrutés spécialement pour le jeu. De Koala Kong à Pinstripe Potoroo, sans oublier le célèbre Dr. Neo Cortex, ils ont su donner vie à un univers coloré, rempli de personnages loufoques et attachants, qui ont fait de Crash Bandicoot une série à ce point marquante. La franchise a toutefois eu une histoire assez chaotique : après 4 jeux (dont un jeu de kart) développés par Naughty Dog, le studio original, Crash est passé entre les mains de divers développeurs, avec chacun une vision et des intentions différentes pour le personnage et le jeu. La qualité des jeux sortis par la suite va donc du très bon au moins bon. Puis Crash est tombé dans l’oubli pendant un temps, aucun jeu (ou presque) n’étant sorti entre 2008 et aujourd’hui, pour diverses raisons que je ne compte pas détailler ici. Il aura fallu attendre cette année, lors de la conférence Sony à l’E3 2016, pour que Crash pointe de nouveau le bout de son nez.
Contrairement à Crash Bandicoot, Tomb Raider a bien davantage révolutionné le jeu vidéo tel qu’il était conçu en 1996. C’était même une double révolution : le premier jeu d’aventure en 3D avec une caméra dynamique et d’immenses environnements tout en verticalité, et l’un des premiers à mettre au premier plan un personnage féminin avec du caractère. Très vite, Lara devient une star – et si le sujet vous intéresse, j’ai d’ores et déjà écrit tout un article à ce sujet. 20 ans plus tard, avec 11 jeux principaux, un grand nombre de jeux dérivés, deux films et plusieus séries de comics, la franchise Tomb Raider, bien que moins révolutionnaire et suscitant moins d’engouement qu’à ses débuts dans les années 1990, reste acclamée par la critique, et Lara l’un des personnages de jeu vidéo les plus connus. Crystal Dynamics, développeur actuel de la série, a même été jusqu’à qualifier Lara de « Reine incontestable du jeu vidéo » lors d’une conférence à la convention PAX East 2016.
Au-delà de leur propre histoire, dont le détail nécessiterait au moins deux autres articles, Crash Bandicoot et Tomb Raider ont été présents pour la plupart, sinon pour toutes les étapes marquantes de ma vie. Il faut bien le dire, j’étais en quelque sorte prédestiné à aimer les jeux vidéo, mes parents eux-mêmes ayant été des joueurs assidus. Combien d’heures passées sur leur Mega Drive, jouant à Sonic the Hedgehog, à Castle of Illusion ou au Roi Lion ? A cette époque, ma mère est déjà enceinte de moi. En 1997, environ un an après ma naissance, ils achètent leur première PlayStation, ainsi que trois jeux : Crash Bandicoot 2: Cortex Strikes Back, Tomb Raider et Tomb Raider II. Rapidement, ils deviennent accros. Ils jouent, jour et nuit, s’acharnant à trouver comment obtenir le diamant violet dans Crash 2, ou comment vaincre le T-Rex dans TR1. Et ce n’est pas comme s’ils avaient, alors, une connexion Internet pour trouver la solution en ligne. Non, à défaut, ils doivent appeler la hotline officielle d’Eidos Interactive (pour la somme modique de 2,23 F la minute) pour obtenir des conseils sur la marche à suivre dans les aventures de Lara. Oui, mes parents dépensent de l’argent dans des soluces téléphoniques, ce qui prouve combien ils sont passionnés par les jeux vidéo (et fous, de surcroît). Alors évidemment, il ne faut pas longtemps avant que je me mette à les regarder jouer. Fasciné par les aventures de Lara Croft, j’invente des histoires dans ma tête, m’imaginant explorer le monde dans la peau de Lara. En 1999, à l’âge de 3 ans, je supprime « accidentellement » la sauvegarde de mes parents dans Tomb Raider III. Quoique je ne l’ai pas exactement supprimée : j’ai laissé Lara tomber dans un piège mortel, et j’ai sauvegardé à cet endroit, si bien qu’à chaque chargement de la partie, Lara tombe inlassablement vers une mort certaine. Ce jour restera gravé dans les mémoires comme « le jour où mes parents faillirent commettre un infanticide ».
Et puis plus tard encore, je commence à jouer, moi-même. Tomb Raider est trop compliqué pour moi, alors je joue en boucle au niveau d’entraînement, dans lequel il est possible d’enfermer le majordome de Lara dans la chambre froide de son manoir. Mais les premiers jeux que je termine véritablement, avec l’aide de mon père et de ma sœur, ce sont Crash Bandicoot 2, puis Crash Bandicoot 3. Plus tard, mes parents arrêtent de jouer. Ce n’est pas quelque chose qu’ils décident du jour au lendemain – mais de fait, progressivement, ils trouvent de moins en moins de temps pour jouer. Mais ils m’ont d’ores et déjà passé le flambeau. C’est trop tard : je suis passionné par les jeux vidéo. En 2001, mes parents m’achètent une PlayStation 2, juste à temps pour la sortie de Crash Bandicoot: La Vengeance de Cortex, et de Herdy Gerdy (un jeu développé par les créateurs de… Tomb Raider). Les années passent, et les jeux vidéo me passionnent de plus en plus. Je joue à d’autres jeux, bien entendu, mais Crash et Tomb Raider ne sont jamais loin. Quand ma prof d’anglais nous demande d’écrire un paragraphe sur l’un de nos héros, au collège, je choisis Lara Croft. Peu après le décès de mon oncle, je joue à Crash Bandicoot 2 pour tenter de me changer les idées. Pour mon 10e anniversaire, on m’offre Tomb Raider: Legend. Avec mon argent de poche, je décide de m’acheter le premier Crash Bandicoot sur Internet – le seul épisode qui manque à ma collection. En 2008, je compte inlassablement les jours avant la sortie de Tomb Raider: Underworld. Pas plus tard que l’an dernier, je décide de m’acheter une Xbox One pile à temps pour la sortie de Rise of the Tomb Raider, et quand on me demande un exposé de sémiologie sur un objet médiatique, dans le cadre de l’un de mes cours à la fac, je choisis d’étudier le reboot de Tomb Raider.
Bien sûr que j’ai joué à d’autres jeux. Et bien sûr, d’autres jeux sont sortis en 1996, dont certains auxquels j’ai beaucoup joué aussi : Resident Evil et Pokémon, par exemple. Mais ils n’ont pas eu sur moi le même impact que Crash Bandicoot et Tomb Raider. Ce sont deux séries avec lesquelles j’ai grandi, littéralement. Elles ont façonné mes goûts en matière de jeu vidéo – j’aime principalement deux genres, les jeux de plateforme et les jeux d’aventure – mais peut-être aussi ont-ils façonné qui je suis, de façon générale. Ce n’est pas seulement que je fan. Ce n’est pas seulement que j’aime ces jeux. Ce n’est pas seulement qu’ils sont amusants à jouer. Ce sont plus que des jeux pour moi. J’associe une grande part de ma personne, de ma propre histoire, à chacune de ces deux séries. J’ai toujours été un rêveur. Je ne me suis jamais senti à ma place dans le monde réel – en fait, étant petit, je préférais passer du temps dans les mondes imaginaires que je m’inventais, ou dans les mondes imaginaires que les jeux me proposaient (et, bien souvent, ils étaient liés l’un à l’autre), que de passer du temps avec des enfants de mon âge. Et bien que j’aime bien plus me faire des amis aujourd’hui qu’à cette époque, il reste vrai que j’adore m’immerger dans des univers virtuels et fantastiques, où tout et n’importe quoi semble possible. Le jeu vidéo est ma porte de sortie, mon moyen d’échapper au monde réel quand cela semble nécessaire. Et je pense que tout a commencé avec l’univers coloré de Crash Bandicoot. Le jeu ne s’arrêtait pas quand j’éteignais la console – il continuait à vivre, à exister dans mon imagination. J’imaginais de nouvelles aventures pour Crash, où le Dr. Neo Cortex tentait une fois encore de s’emparer des cristaux et des diamants.
Quant à Tomb Raider, l’influence que ce jeu a exercé sur ma vie est immense. D’abord, c’est grâce à Tomb Raider que j’ai toujours été curieux d’en apprendre davantage sur les civilisations, les légendes et les mythologies antiques. Je n’aurais jamais étudié le latin au collège s’il n’y avait pas eu Tomb Raider. Et j’ai tendance à remercier Lara Croft, qui parle des dizaines de dialectes, pour mon goût pour l’apprentissage et la traduction de langues étrangères. Lara Croft elle-même m’a inspiré de bien des manières. Certains enfants idolâtrent des superhéros de comics – pour moi, c’était Lara Croft. J’étais un enfant très timide. C’est grâce à Lara Croft, à son exceptionnelle répartie et à ses répliques bien senties lancées à ses adversaires, que j’ai réussi à vaincre ma timidité. Son courage dans les situations les plus périlleuses m’a toujours incité à aller le plus loin possible, au bout de mes capacités, quels que soient les obstacles. Et, bien sûr, Tomb Raider m’a fait rencontrer toutes sortes de personnes formidables. Le tout premier site que j’ai découvert, adolescent, quand j’ai eu le droit d’aller sur Internet par moi-même (je vous vois imaginer un site porno, EH BIEN NON), était un fansite sur Tomb Raider appelé Captain Alban. J’y ai découvert une communauté de fans de Lara Croft. Comme je l’écrivais plus haut, j’étais timide à l’époque, et il m’a semblé beaucoup plus simple de me faire des amis « virtuels » que des amis réels. J’ai rencontré des personnes de tous les âges et de tous les horizons. J’ai pris goût aux « relations Internet », avant même l’avènement des réseaux sociaux. C’est sans nul doute pour cela que je passe aujourd’hui autant de temps à rencontrer et à parler avec de nouvelles personnes sur Twitter ou Facebook. Aujourd’hui, la plupart de mes amis « réels » sont des personnes que j’ai rencontrées via Twitter. Je suis certain que ça ne serait pas le cas sans Captain Alban, et donc sans Tomb Raider. Il y a six ans, je suis également devenu membre de la rédaction du site de Captain Alban. J’y ai découvert le plaisir d’écrire sur ma passion, et de partager cette passion avec les autres. Ce blog est la continuité de ce désir, et il n’existerait pas sans cela. Et surtout, j’ai compris quel métier j’avais envie d’exercer. Certes, je suis encore étudiant, et je me laisse donc le temps d’y réfléchir davantage, mais une chose est certaine à 100% : il y aura un lien majeur avec le monde du jeu vidéo et du développement. Je le sais. Je l’ai dans le sang – eh, je suis né de parents gamers, pour rappel – et les jeux vidéo sont toute ma vie. C’est une vocation. Oh, je sais, ça fait moins classe que de dire qu’on veut devenir médecin et sauver des vies, mais JE M’EN FICHE. Ce à quoi je veux dédier ma vie, ce sont les jeux vidéo. Je le sais depuis aussi loin que je peux m’en souvenir. Et on dit qu’il ne faut pas exposer les enfants aux jeux vidéo… Dans mon cas, c’était la meilleure chose qui pouvait m’arriver.
Je ne dis pas que je dois l’ensemble de ma personnalité à Crash et à Lara. Mais ils ont clairement contribué à forger l’adulte que je suis – tout comme les livres que j’ai lus, les personnes que j’ai rencontrés, tous les autres jeux auxquels j’ai joués, et ainsi de suite. Crash et Lara comptent plus que les autres, tout simplement parce qu’ils sont là depuis le début. Comme quoi, le jeu vidéo, ça n’est pas que du jeu. Joyeux anniversaire, Crash ! Joyeux anniversaire Lara ! Je suis content de fêter mes 20 ans avec vous.
Pour célébrer son 20e anniversaire, et après une pause de presque 10 ans, Crash Bandicoot sera de retour en tant que figurine et personnage jouable, aux côtés de son ennemi juré le Dr. Neo Cortex, dans Skylanders: Imaginators, le dernier épisode de la série « toys-to-life » éditée par Activision, prévu pour le 16 octobre 2016. Son caméo dans le jeu inclut un niveau-hommage se déroulant entièrement sur les îles Wumpa, développé par le studio Vicarious Visions, anciennement développeur de certains épisodes de la série Crash. Ce même studio se charge également d’un remake des trois premiers épisodes de la série, prévu pour 2017.
Les célébrations des 20 ans de Tomb Raider et Lara Croft incluent la sortie d’une édition spéciale de Rise of the Tomb Raider avec de nouveaux DLCs et contenus bonus, un livre exhaustif d’anecdotes et de secrets sur la série écrit par Meagan Marie, community manager, un CD et un concert de (re)compositions par le compositeur historique de la saga, Nathan McCree, une collection inédite de statuettes et la publication dans un nouveau format de tous les comics « classiques » de la série.
Rédacteur indépendant passionné par le jeu vidéo, je partage sur ce blog mes impressions et mes émotions sur les jeux qui me touchent le plus.
Ah the memories I have had with these memorable franchises. Especially with Crash Bandicoot. I remember playing Crash Team Racing and thinking « This is better than Mario Kart! » And that’s saying a lot, since the only other game I’ve said is better than Mario Kart is Diddy Kong Racing… I just really liked racing games as a kid. Haha. Great post!
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Tu sais c’est curieux lorsque tu dis que Lara et crash t’ont aidé à devenir l’adulte que tu es ….. Curieux pas dans le sens négatif non plutôt qu’en lisant ton article, cela m’a rappelée la façon de comment j’en suis venue à jouer sur ordi en 1er lieu puis maintenant sur PS4 même si je reste toujours plus ordi. Ma soeur travaillait dans une grande boîte informatique, il me semble que c’était apple mais sans certitude enfin bref, elle nous a ramenés des CD pour que je puisse joué sur mon 1er ordi, un commodore tout une aventure. Parmi ses CD, il y avait TR, Thief et des jeux de réflexions et en même temps d’horreur …. Tous ces jeux n’étaient pas entiers. Ils étaient juste là pour appâter comme on dit. Au bout du compte, trois style sont restés : La curiosité et le goût de l’exploration de TR, la discrétion et l’infiltration de Thief et l’horreur même si je suis une pétocharde née, j’aime le défi de pour voir surmonter ma trouille. Un autre jeu me suit alors que j’aime toujours pas dit d’arcade si je ne me trompe où on n’est pas le personnage directement c’est Fallout. Perso, j’ai passé le flambeau à mes neveux pourt le moment, on verra si mon Biquinou prendra la relève par la suite.
Je pense que c’est un peu pareil pour tout le monde, on associe les jeux auxquels on joue et de façon générale les oeuvres que l’on lit/voit/entend à des moments marquants de nos vies, et respectivement. Et c’est pour ça qu’à mon sens, le(s) premier(s) jeu(x) au(x)quel(s) on joue sont décisifs, car c’est avec eux qu’on découvre l’univers du jeu vidéo – ils sont donc forcément d’autant plus marquants. Je pense qu’après ça, on s’en réfère toujours au sentiment que l’on a ressenti avec ces premiers jeux.
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